Cambodge

Derniers jours au Cambodge

Après un arrêt furtif à Battambang dans le nord du Cambodge, nous filons à travers plaines vers les côtes au sud. Nous atteignons d’abord Kampot, reconnu mondialement pour son poivre. C’est l’occasion de visiter “la plantation”, nom donné à l’exploitation créé par un couple d’expatriées franco-belges qui décident en changer de vie en 2013. Nous y découvrirons l’art de la culture du poivre, mais pas seulement. La plantation c’est aussi un projet aux fortes valeurs sociales et durables. Elle emploie à temps plein plus de 150 ouvriers de la région et une centaine supplémentaire pour les récoltes. Elle soutient aussi fortement l’éducation des enfants de la région. Elle a financé la construction d’une route jusqu’à l’école, fourni des vélos aux enfants, participe aux différents frais scolaires… Bref, c’est vraiment une superbe découverte autant pour le poivre que pour tout ce qui en gravite autours.

En soit, la ville de Kampot ne nous a pas séduit plus que cela. Nous avons pris la direction de la capitale avec une petite escale repos vers Kep et “l’île lapin”. Pourquoi ce nom? Mystère. Nous profiterons de la capitale, Phnom Penh, pour nous immerger dans la sombre histoire du Cambodge et des Khmers rouges. Il faut savoir que pendant la guerre du Vietnam, les Américains ont massivement bombardé les campagnes Cambodgienne. La population locale va perdre énormément dans ce conflit, la colère monte et favorise le développement du mouvement communiste radicale “Khmers Rouges”, né de l’instabilité politique à la fin de l’Indochine

Le départ de l’armée américaine en 1973 précipite l’arrivée des Khmers rouges au pouvoir. Pol Pot, l’un des principaux dirigeant des Khmers rouges souhaite une nouvelle société purgée de l’influence capitaliste et coloniale occidentale ainsi que de la religion. Le régime décrète l’évacuation des villes du pays. Le 17 avril 1975, la capitale est entièrement vidée de tous ses habitants en une journée. Des millions de personnes se retrouvent sur les routes en direction des campagnes. Rapidement la dictature se met en place et le Cambodge devient un immense camp de travail forcé.

Le régime persécute ses ennemis. Pour les Khmers rouges les citadins sont des exploiteurs et ont eu une vie facile, alors que les paysans souffraient de la guerre. Les cibles primaires sont les personnes issue de profession intellectuelle ou proche de l’ancien régime. Elles sont arrêtés, torturés et exécutés. Un proverbe du régime dit “Mieux vaut exécuter un innocent que d’épargner un ennemi qui ronge le pays de l’intérieur”. Très vite n’importe qui devient suspect et se fait arrêter. Les rangs des révolutionnaires ne sont pas épargnés, ainsi un soldat Khmer rouge pouvait passer détenu du jour au lendemain.

Nous avons visité le centre de détention S21 à Phnom Penh. Les personnes envoyés ici n’ont quasiment aucune chance de survie. L’objectif du centre est de “légitimer” l’exécution des détenus. Les tortures sans nom étaient pratiqués comme l’étouffement à l’aide de cuve pleine d’excrément et/ou d’eau croupie dans laquelle les prisonniers étaient pendus par les pieds. On leur demandait d’avouer des fautes qu’ils n’avaient pas commises dans des confessions transcrites sur du papier. Lorsque les confessions ne satisfaisaient pas les interrogateurs, les détenus étaient de nouveau torturé, jusqu’à ce qu’ils écrivent des confessions jugées recevables. Ainsi, ils avouaient être complice de la CIA ou du KGB sans même savoir ce que cela signifie. Ensuite, les détenus étaient transférés dans un camp d’exécution. On en comptait pas moins de 300 à travers le pays.

Nous avons visité celui de Choeung Ek. Situé a 15 kilomètres au sud de Phnom Penh, c’est là-bas qu’étaient envoyés les prisonniers de S21 une fois qu’il n’y avait plus de place pour les exécuter sur place. Les bourreaux n’avaient pas la permission d’utiliser leurs armes à feu, les munitions étaient trop précieuses. Les condamnés à mort sont alors massacrés par tous les moyens possibles avant d’être jetés dans des fosses. Personne n’est épargné, les enfants sont eux fracassés contre un arbre. Comme le dit un autre proverbe du régime “Pour se débarrasser de la mauvaise herbe, il faut la déraciner”. Le site de Choeung Ek dénombre 129 fosses ou se trouve environ 17 000 victimes. Ces lieux sont très bouleversant, mais très important pour la mémoire de l’ensemble de l’humanité. Clarisse a aussi lu “D’abord, ils ont tué mon père”, un bon récit retraçant l’histoire “d’une petite fille qui se souvient” plongeant le lecteur dans l’ambiance du régime. Au total, un quart de la population de l’époque, soit environ 2 millions de personnes, ont trouvé la mort sous le régime des Khmers rouges.

C’est le Vietnam qui mettra fin à ce massacre en 1979, après environ 4 ans de dictature. Les Khmers rouges revandiquant certaines terres Vietnamiennes comme le berceau de la civilisation Khmer commençaient à devenir une menace importante pour le Vietnam. Bien qu’une bonne partie du pays soit libérée, l’organisation des Khmers rouges reste active. Elle est même reconnu durant plusieurs années encore par les Etats-Unis, les Britanniques et plusieurs autres états comme le gouvernement légitime du Cambodge, juste pour marquer leur opposition à l’URSS qui soutient le régime Vietnamien que les Khmers rouges combattent.

Après 19 jours passés au Cambodge, nous partons depuis Phnom Penh au Vietnam en descendant le Mékong en bateau. Le passage de la frontière dont les postes se situent sur les bords du fleuve s’effectue cette fois ci sans difficulté 🙂 Nous avons moins de 15 jours au Vietnam avant de prendre notre avion pour Sydney le 21 février. Nous avons également réservé notre vol retour pour la France, nous serons donc de retour le 3 juillet à Nantes 😉

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