Première frontière
D’avance désolé pour cet article qui risque d’être un peu plus long que les autres, les derniers jours ont été bien remplis. Nous avons quitté la Russie lundi dernier (16/09). Notre train était prévu pour 8h13. Pas de difficultés particulières sur le papier, il y a 24 minutes de trajet depuis l’auberge, 5 minutes à pied pour atteindre l’arrêt du bus, puis trajet direct jusqu’à la gare. Nous avions prévu de partir à 7h pour avoir un peu de marge, nous sommes partis à 7h05. A l’arrêt de bus, on voit passer environ une dizaine de bus par minute, tous les numéros, sauf le 116 que nous attendions et qui était censé passer toutes les 10 minutes. Il est 7h30 et nous sommes à 3km de la gare, on se dit qu’il est vraiment temps d’y aller, surtout qu’on s’est déjà perdu dans les gares… Nous voilà parti mélangeant marches rapides et petites courses avec nos gros sac à dos. Finalement nous arrivons juste avant 8h, bien trempé de transpiration, c’est parti pour 22h de trains sans douche. Le voyage va être sympa surtout pour les deux Hollandaises qui partagent notre compartiment.
La première partie du trajet longe le lac Baïkal sur environ 200 kilomètres avant d’atteindre la ville d’Oulan-Oude, ou la ligne se sépare entre transsibérien vers Vladivostok et transmongolien vers Oulan-Bator puis Pékin. Il faut savoir que dans les début du transsibérien, cette partie de la ligne n’existait pas. Le contournement du lac était jugé trop couteux et deux brises glaces faisaient la jonction entre chaque côtés du lac. Leur efficacité est rapidement remise en question, surtout au début des années 1900 lorsque les Japonnais attaquent Port-Arthur à l’extrémité est du continent. Les renforts Russes s’accumulent au bord du lac au point qu’ils décidèrent de poser des rails sur le lac gelé pour acheminer les troupes. Le premier train à passer dessus finira au fond du lac, les Russes perdront ce conflit. Finalement le contournement du lac sera construit plus tard puis reconstruit suite à une montée de 10 mètres des eaux du lac qui ont englouti cette portions du tracé, provoqué par la construction d’un barrage.
Nous arrivons à la frontière dans la soirée, vers 20h. Le train s’arrête pour un contrôle Russe. Un premier contrôle de passeport, puis un deuxième des bagages et un dernier des cabines. Nous sommes immobilisés pendant plus de 2h. Le train repart pour 30 minutes. On aperçoit un quai de gare partiellement éclairé avec des militaires au garde à vous le long. Le train s’arrête une nouvelle fois, c’est l’heure du contrôle par les autorités Mongoliennes. Même procédé, légèrement plus rapide, le train repart vers minuit. Cela nous laisse quelques heures de repos avant l’arrivée à Oulan-Bator peu avant 7h. On remercie au passage la provodnitsa d’avoir pensé à nous réveiller à 5h20 pour ne pas rater l’arrêt.
Qui dit nouveau pays dit nouvelle monnaie, en arrivant à Oulan-Bator nous n’avons pas un Tugrik en poche. La première mission est de trouver un distributeur pour avoir un peu de change. Il faut reprendre nos marques. 1 euro équivaut à 3000 Tugrik, ce qui rend cette monnaie infecte. Nous avons des liasses de billets énorme mais qui ne valent rien.
En arrivant dans la matinée à l’auberge, on commence d’emblée à penser visa pour la Chine. Nous sommes mardi et l’ambassade est censé ouvrir les lundi mercredi et vendredi pour les visas. La gérante de l’auberge qui nous entend parler de tout cela nous stop direct et nous explique que depuis le mois de juin, vu le nombre important de demande de visas des étudiants Mongols, l’ambassade ouvre uniquement le mardi matin pour donner des tickets. Ce ticket donne un rendez-vous un autre jour pour demander son visa. On se dirige alors immédiatement vers l’ambassade pour tenter d’avoir un ticket. Arrivé la-bas il y a des centaines de personnes devant la porte, la police est présente pour mettre de l’ordre dans les files d’attentes. Nous avons réussi à entrer dans l’ambassade juste avant la fermeture, malgré que nous ayons déjà une partie du dossier, il faut obligatoirement qu’il soit complet pour obtenir le ticket. Il faudra repasser mardi prochain…
Du coup ce visa nous met une contrainte énorme, nous n’avons pas plus d’une semaine devant nous et nous ne savons pas non plus pour quand nous aurons un rendez-vous. Nous regardons rapidement ce que nous pouvons faire sur la petite semaine devant nous. Il y a plusieurs endroits sympa, nous décidons d’aller vers Kharkhorin à 6h de route. Il y a deux bus par jours depuis Oulan-Bator. Nous pourrons revenir aussi facilement. La bas nous avons réservé 3 nuits chez une famille qui a monté un camps de Yourte. C’était assez drôle car ils sont venus nous récupérer à la sortie du bus avec une pancarte alors que hormis la réservation de la veille nous n’avions rien demandé.
Fraichement débarqué sur le camp le mercredi (18/09) au soir, nous partageons notre soirée avec les autres hôtes. Un de ceux ci, un Japonnais, avait prévu une sortie sur deux jour. Nous serons 3 à nous joindre à lui. Nous sommes donc parti dès le lendemain matin, on ne sait pas trop où mais peu importe, nous avions une occupation. Le gars qui nous conduit ne parles pas Anglais, son 4×4 à les pneus plus que lisses et craquelés. Ça n’inspire pas trop confiance mais cela semble normal ici. On sort rapidement de la route, on prend des pistes complètements perdus dans les plaines. Parfois le chemin semble tellement peu emprunté qu’on aperçoit à peine les traces de véhicules. Pourtant on voit des yourtes un peu partout, complément perdu à l’écart de tout. On s’arrête d’ailleurs plusieurs fois dans ces yourtes. On suppose que notre chauffeur devait connaitre ces gens. Ils nous on fait gouter un peu de tout. Ce qu’ils appellent le “milk tea” pour commencer, traduisez cela par thé au lait. Dans la réalité cela ressemble plus à du lait chaud avec de l’eau, on en trouve partout. Nous avons aussi gouté le lait de jument fermenté, tellement fort qu’il semble épicé. Puis une sorte de vodka chaude, étrangement beaucoup moins fort que le lait de jument. Niveau alimentation c’est assez basique, aussi car les ressources sont limités. Pomme de terre, carotes, mouton, voila la base. Parfois cuisiné avec du riz, parfois avec des pâtes, parfois avec de l’eau pour faire une soupe.
Nous passerons une bonne partie des 2 jours à rouler à travers les pleines et passerons la nuit dans une autre sorte de camps de yourte. Les nuits sont très fraiches, avant de se coucher on met quelques buches dans le poêle au milieu de la yourte. La température monte jusqu’à 25°C, puis descend jusqu’à 5°C après l’extinction du feu dans la nuit. C’est impressionnant comment la vue est dégagée le soir pour observer les étoiles.
Nous voici de retour sur Kharkhorin vendredi soir (20/09), nous demandons une nuit supplémentaire histoire d’avoir une journée posée samedi et d’aviser pour la suite. Nous sommes un peu bloqués, le seul endroit ou le bus peut nous emmener d’ici est Oulan-Bator. La seule chose que nous soyons certains c’est d’être sur Oulan-Bator lundi pour être de bonne heure à l’ambassade Chinoise. On savait que ça serait galère, mais peut-être pas à ce point.
2 Comments
Anthony
Un vrai roman d’aventuriers !
bru régine
quelle chance ma chérie , ces paysages sont magnifiques et quelle aventure vous vivez !!!! continuez bisous